Chef Dimitri Droisneau

“LA VILLA MADIE

Anse de Corton, 30 Av. du Revestel
13 260 Cassis”

Normand d’origine, Dimitri Droisneau trouve sa singularité dans son amour du produit, dans sa rigueur millimétrée mais surtout dans son humilité sans borne. À la Villa Madie, il nous dédicace une cuisine qui suit le sillage des saisons et qui met en lumière le merveilleux terroir provençal. C’est donc en harmonie avec son environnement que ce chef talentueux orchestre avec précision et passion des créations badinant entre l’iode et la minéralité.

 

Quelle est votre Madeleine de Proust ?

Y-a-t’il un plat, des saveurs et des parfums qui vous rappellent toujours votre enfance ?

Quand j’étais petit, ma mère cuisinait beaucoup de plats en sauce comme des sautés de veau Marengo, des bourguignons, des blanquettes…Cela sentait délicieusement bon et embaumait toute la maison. L’odeur des jus de volaille et de veau me ramène toujours à l’enfance.

Lorsque vous étiez enfant, qui cuisinait à la maison ?

Ma mère est une très bonne cuisinière. Je me souviens que le samedi lorsqu’on recevait la famille, elle se levait aux aurores pour s’affairer en cuisine et

 préparer de bons petits plats qui nous accompagnaient tout le week-end. Ainsi, on pouvait se régaler de salade de pommes de terre, d’harengs à l’huile, de roulés macédoine et jambon, d’œufs mimosa.  Les plats faisaient la part belle aux bons produits, de ceux qui venaient de la ferme et des maraîchers du coin.

 Un lieu qui a marqué vos souvenirs savoureux ?

Notre maison familiale où j’ai grandi et qui se trouvait à L’Aigle en Normandie. Dans la famille, nous avions tous le goût de bien manger. Ma petite sœur cuisinait d’ailleurs aussi beaucoup. Les moments passés à table étaient toujours synonymes d’apaisement, de partage. Encore maintenant quand ma mère vient chez moi, elle cuisine pour nous. Pour moi, la cuisine prend ses lettres de noblesse à partir du moment où l’on cuisine avec toute son âme pour des gens que l’on aime. La cuisine d’une maman à son fils sera toujours la meilleure cuisine du monde.

Quel est votre péché gourmand depuis toujours ?

Je ne peux pas résister à un bout de pain encore chaud avec un petit peu de beurre demi-sel dessus. Je ne pourrais manger que ça, tous les jours !

Une douceur sucrée qui a marqué vos jeunes années ?

Je crois bien qu’en pâtisserie, il n’y a rien que je n’aime pas. Depuis tout petit j’adore le chocolat…  J’avais pour habitude de le manger très simplement avec du pain avec un peu de beurre. Ma mère nous faisait également toutes sortes de tartes. Je me souviens encore du parfum délicat et caramélisé de la tarte aux pommes qui cuit au four.

Comment votre histoire a influencé le cuisinier que vous êtes aujourd’hui ?

Lorsque je cuisine pour mes clients, je le fais toujours avec amour et bienveillance, comme ma mère me l’a enseigné. Par cet acte, on fait en quelque sorte une promesse et on se doit de tout donner.

Y a-t-il une recette de votre mère, que vous aimez refaire ?

Bien sûr, je fais souvent un mousseux de pomme de terre à la bonite fumé, mariné avec un peu de caviar. Cela fait écho au plat de pommes de terre avec du hareng fumé à l’huile que ma mère nous faisait. Un délice !

Quel est votre plat préféré de tous les temps ?

Je suis un énorme mangeur de pâtes… Je pense qu’un sauté de veau avec des pâtes me ferait craquer à tous les coups !

Le restaurant où vous avez toujours rêvé d’aller, ici ou à l’étranger ?

J’aimerais me rendre au Géranium à Copenhague, sacré meilleur restaurant au monde 2022 mais aussi au Frantzén à Stockholm qui est tenu par un chef des plus ambitieux, ancien joueur de football.

Le métier de cuisinier… Une réelle vocation ?

Plus jeune, je cuisinais déjà beaucoup à la maison. L’école n’étant pas trop ma tasse de thé, j’ai décidé lorsque j’étais au collège de faire mon stage en cuisine. Ça a été en quelque sorte une révélation, le déclencheur… Dans ma tête je n’en suis plus jamais ressorti. Par la suite, j’ai quitté la maison et suis parti à plus de 50 km pour faire mon apprentissage.

Quels ont été vos mentors, les rencontres qui ont marqué votre parcours ?

Il y a eu justement mon maître d’apprentissage Michel Canet qui tenait la barre du Grand Saint-Michel à Alençon. Avec lui, je suis passé de l’adolescence à l’âge adulte… J’ai appris ce qu’était le travail, un vrai labeur. Il me faisait tout faire, je ne comptais plus les heures, ni les jours. Cette expérience a été très formatrice ! Plus tard, il y a eu également Bernard Pacaud à l’Ambroisie avec qui je suis resté plus de trois ans. Là-bas, je me sentais bien, une équipe à taille humaine dans une ambiance très conviviale.

Avez-vous une anecdote à nous partager ?

Lorsque j’étais chez Bernard Pacaud, je travaillais énormément et il faut l’avouer j’étais pas mal stressé. Le chef l’a remarqué et afin de désamorcer cette situation, il a décidé un beau jour de m’amener les après-midis à Vincennes pour jouer à la pétanque. Cela m’a fait beaucoup de bien et j’ai trouvé son geste très touchant.

Quelle a été votre plus belle expérience culinaire en France ou à l’étranger ?

Je me souviendrai toujours de la fois où j’ai dégusté un turbot au restaurant SaQuaNa à Honfleur. La cuisson du poisson était juste parfaite, les saveurs, les parfums tout y était ! Il y a eu aussi le Pigeon de Bresse laqué au miel d’Éric Fréchon que j’ai eu la chance de goûter l’année dernière… Exceptionnel !

Quels ont été vos premiers coups de cœur en termes de vins ?

Venant de Normandie, j’ai découvert le vin sur le tard. Mais mon premier coup de cœur a été un Hermitage 2007 rouge du Domaine Jean-Louis Chave… Une grosse claque ! Et sur la même année, il y a eu aussi un rouge vraiment dingue du Domaine de Terrebrune tenu par un de mes bons amis à Ollioules.

Le casting d’un dîner « madeleine de Proust », qui inviteriez-vous à votre table ?

Par curiosité, j’inviterai Vatel mais aussi Jean Troisgros, Bernard Loiseau, Bernard Pacaud, Marco Pierre White, Nadia Santini que j’ai découvert l’année dernière et enfin Sven Elverfeld, le chef de chez Aqua.

Y-a-t’il un livre de cuisine que vous conservez religieusement ?

J’aime beaucoup lire et j’ai d’ailleurs une belle collection d’ouvrages. Si je devais en choisir un, je dirais L’Ambroisie place des Vosges à Paris de Bernard Pacaud, paru en 1989 chez Robert Laffont.

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