Chef Gérald Passedat

“le petit nice marseille

17 Rue des Braves Anse de Maldormé,
156 Corniche Président John Fitzgerald Kennedy
13 007 Marseille”

En liberté dans la vie comme en cuisine ! On pourrait croire sa machine bien huilée… Pourtant depuis plus de 30 ans, Gérald Passedat fait souffler un vent Rock’n’Roll sur Le Petit Nice plaçant la barre gastronomique toujours plus haute. Sa cuisine est un hommage à l’immortelle grande bleue et au travail paysan. Baigné dans la culture du peu, le chef sublime sans jamais dénaturer, s’affranchissant des traditions pour voir éclore l’alliance des goûts. 

 

Quelle est votre Madeleine de Proust ? 

Quelles saveurs, quels parfums font émerger chez vous des émotions et une certaine nostalgie ?

En ce moment, la peau de poisson sur-cuite au four me ramène à l’enfance ou encore des tomates et citrons cuits au four avec de l’ail. Il y a aussi la brousse du Rove, le basilic avec le pesto, les poissons de roches… Une infinité de saveurs.

Et côté sucré, quelles douceurs font écho à votre enfance ?

L’abricot, la pêche que j’apprécie énormément. En saison, ce sont des produits que j’aime beaucoup travailler, je fais par exemple une souplesse de lait à l’abricot. Petit, j’adorais aussi les bâtons de réglisse et d’ailleurs fut un temps je proposais à ma carte un soufflé à la réglisse.

Petit, qui cuisinait à la maison ?

Quand on est dans la restauration, il n’y pas vraiment de maison…Je me souviens que j’allais souvent chez mes grands-mères et chez mes tantes. C’était une cuisine plus populaire… Ma grande tante et mon oncle faisait des poissons extraordinaires, mon grand-père italien faisait des pâtes savoureuses. Il y avait aussi à l’époque les alouettes sans tête, les petits farcis, une spécialité de blettes et aux encornets magnifique. Toutes ces choses-là, bien entendu, ça reste ancré dans la mémoire sélective d’un cuisinier.

Quels sont les lieux qui ont marqué vos souvenirs savoureux ?

Ma tante vivait à Saint-Jérôme dans une ferme avec des vaches, des cochons, des lapins, des poules, des canards. On avait les œufs, le lard que l’on pressait dans des pierres de Cassis, la luzerne que l’on utilisait pour les lapins, les pissenlits, le fenouil sec et frais. J’avais également un oncle pêcheur. De fait, j’ai eu autant le côté méditerranée que le côté arrière-pays qui ont marqué mon enfance. Il y a aussi l’Italie, où je me rendais souvent pour visiter la famille avec mes grands-parents. On y mangeait somptueusement bien avec notamment les gambero rosso du golfe de Gènes, les pâtes maisons, les ravioles, les bugnes…

Est-ce qu’on perd son accent mais pas ses racines ?

Je pense avoir conservé encore beaucoup de mes racines italiennes. Je m’y rends assez régulièrement… J’en garde un grand sens paysan mais aussi une certaine façon de voir et sentir les choses. Dans ma cuisine, on peut retrouver parfois quelques tendances italiennes.

Est-ce qu’il y a un ingrédient, un plat qui vous rappelle toujours votre enfance ?

Sans hésiter, l’huile d’olive. Mais aussi l’aubergine, la courgette, la soupe de poisson.

Avez-vous un souvenir mémorable en termes de gastronomie et de goût ?

Une nage d’écrevisses et de langoustines que j’avais dégusté chez Alain Chapel quand je n’avais que 12 ans. Cela m’a profondément marqué, cela a même été un déclencheur ! Cette maison était mythique, mes parents n’avaient pas encore d’étoiles et ils avaient pour habitude de m’emmener déjeuner dans des établissement reconnus comme par exemple chez Outhier, Blanc, Bocuse, Vergé, Maximin, Rostang.  Chez Chapel, j’ai été subjugué par l’atmosphère puis par le personnage et enfin par la table. Ce plat m’a ébloui et a peut-être fait de l’enfant que j’étais le chef que je suis devenu.

 

Depuis tout petit, vous saviez que vous vouliez suivre les pas de votre père et devenir cuisinier ?

Non, comme tous les gamins j’étais attiré par plusieurs métiers mais à douze ans j’ai su exactement ce que je voulais faire. Le premier plat que j’ai créé chez moi, c’était le « Loup Lucie Passedat » qui est un peu la pierre angulaire de ma cuisine. C’est une facilité de manger un loup avec toutes les saveurs que peuvent regrouper à mon sens une cuisine de l’épure, une cuisine de la Méditerranée, une cuisine provençale.

Est-ce qu’il y a une spécialité régionale pour laquelle vous traverseriez le pays ?

Il est vrai que je ferai le déplacement pour une très belle andouillette mais aussi pour d’excellentes Saint-Jacques fraîchement péchées.

Y-a-t-il une mode culinaire que vous n’avez jamais aimé ?

Je ne supporte pas la mode du dressage avec les petites pinces… Passer trente ans sur une assiette pour l’envoyer froide, je n’en vois pas l’intérêt !

Avez-vous toujours eu ce petit côté « Rock’n’Roll » qui vous caractérise tant ?

Oui, je pense avoir toujours été une personne qui n’a pas peur de mouiller sa chemise, d’oser, d’aller à contre-courant ! Ce côté-là n’est pas un simple verni que l’on peut venir gratter pour le faire partir. Le rock’n’roll c’est une puissance sur des années, cela ne se quantifie pas… C’est un véritable état d’esprit, c’est être complètement naturel et pouvoir diriger son cerveau dans une bringue absolue sans aucune substance. Il n’y en pas beaucoup comme moi qui sont allés faire le pogo à Londres avec les Sex Pistols. Aujourd’hui, cette façon d’être n’existe plus, on est dans la fanfaronnade. À mon âge, je ne vais pas changer pour faire plaisir aux gens. Qu’on m’aime ou qu’on ne m’aime pas cela ne m’importe peu. On est comme on est et on ne se refait pas !

Avez-vous eu des mentors, des figures qui vous ont influencé dans votre vocation ?

Bien sûr, il y a eu Jean Troisgros pour ses sauces et Pierre, son frère, pour son organisation à toute épreuve mais aussi Michel Guérard pour sa grande finesse, sans oublier mes parents et mes grands-parents.

Quelle a été la première recette que vous ayez réalisé dans votre jeune âge ou à vos débuts ?

La première recette que j’ai réalisée, c’était pour Jean-Paul Bonin au Bristol. Il m’avait demandé de faire une salade. J’avais carte blanche et j’ai relevé le défi avec succès. Je ne me souviens pas exactement ce que j’y avais mis dedans, néanmoins elle avait beaucoup plu à mon chef de partie qui était Jean-Pierre Biffi à l’époque.

Quelles sont vos plus belles émotions vécues en cuisine, que ce soit avec vos clients ou encore votre brigade ?

Il y en a une multitude. Ne serait-ce que les premiers clients satisfaits, car on ne va pas se mentir il y a eu aussi beaucoup d’échecs. Les premières brigades que j’ai aidé à former et qui sont devenus pour certains de grands chefs comme Gilles Goujon, Anthony Genovese, Jérôme Artiguebère et d’autres. C’est une grande fierté !

 

Post a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Magazine made for you.

Mis en exergue:

No posts were found for provided query parameters.

Autre part: