Michael Lauber-Melic

Entre la cité phocéenne et les rues pavées de la charmante Saint-Tropez son cœur balance. Légende urbaine ou non, Michael Lauber-Melic – surnommé Mika – a sans conteste un regard qui lui est propre, une capacité hors norme à percer l’instant et retranscrire des émotions. Aujourd’hui, le jeune photographe sillonne les routes, muni de son fourbi allant (entre autres) de vignobles en restaurants pour immortaliser les louanges d’une gastronomie plurielle.

Un attrait du beau et de la capture du temps qui lui vient de l’enfance. Déjà ses parents se baladaient le boitier à la main pour marquer à jamais sur le papier albuminé les souvenirs d’une vie à l’allure folle. Des photos, il y en a toujours eu plein la maison, pour le jeune Mika qui se plaisait à replonger dans une réminiscence familiale. Mais il faut attendre ses 16 ans pour que le photographe en devenir s’approprie le Minolta X-700 de sa mère. Dès lors, il expérimente ses premiers clichés et découvre sa propre vision du monde sans filtres, sans faux-semblants. Très vite, il devient l’heureux propriétaire de son premier appareil photo, un Olympus qu’il emportera partout avec lui transformant son appétence pour la photo en une véritable passion.  

Le baptême


Poussé par le goût de l‘aventure – et après des études d’expert-comptable -, Mika met les voiles en 2017 pour l’Amérique du Sud où il restera une année. Une révélation… Sur place, il mitraille et capte çà et là des bouts de vies. Dans son objectif : des paysages flamboyants, l’authenticité des natifs, l’échange et le partage dépourvu d’artifices, la clairvoyance toute crue ! Émerveillé de ce renouveau et de tous ces contrastes qui cassent les diktats de son quotidien, Mika se laisse peu à peu dépayser, transcendé par un infini de possibles. Il développe un sens aigu de la photo et se veut un messager de la mémoire. Chaque instant ne sera plus mais restera gravé dans le temps. Une lumière particulière, un lieu, une émotion à jamais emportés dans ses bagages. De retour de son périple, ce qui n’était qu’un loisir devient une réelle vocation. Mika se constitue un book



allant frapper à la porte de divers établissements… Il troque alors ses photos contre un lieu où il pourra laisser libre cours à sa créativité. Les débuts sont rudes mais le jeune photographe le sait, il faut laisser le temps au temps pour se faire une place au soleil.  


Un pied dans la gastronomie


Finalement, son art atterrit tout droit dans l’assiette où il capte avec génie les matières, les reliefs et les contrastes de couleurs. Pour lui, les partitions culinaires s’apparentent à un tableau dont on viendrait immortaliser l’essence. Son but n’est autre que de susciter l’envie… Un simple cliché peut mettre en émoi nos papilles et faire voyager notre esprit par vagues de volutes délicieuses. Et il en va de même pour les hauts-lieux de la gastronomie. Restaurants, hôtels, vignobles, grandes maisons passent au crible de l’objectif. Mika à un talent inné pour faire ressortir les plus belles aspérités d’un lieu en évoquant subtilement sa magie. Et cela tient autant d’un don que d’un travail de fond. Ici, rien n’est laissé au hasard… Le photographe, lorsqu’il fait son entrée, glane déjà mentalement les meilleurs « spots » et les meilleurs angles pour ses photos. Une étude du terrain – comme on pourrait l’appeler – qui est, somme toute, nécessaire.

Être photographe ne s’invente pas…  C’est un état d’esprit, un état d’être qui se cultive au fil des ans. C’est une vision, une manière de voir et d’appréhender le monde mais aussi une technicité qui évolue au gré des rencontres et des scènes mises en suspens. Mika cherche avant tout à transposer des émotions, à capturer l’éphémère, un instant T totalement ponctuel ou au contraire habilement imaginé. Pour cela, il initie un vrai travail de recherche pour ses décors et pose une intention particulière derrière chaque mise en scène. Le but : donner de l’éclat, présenter sous le meilleur jour… Il aime badiner avec les jeux de lumières, les ombres mais aussi les contrastes de couleur. Muni de son attirail d’artiste, il exacerbe et sublime par touches les traits de chaque tableau. Un instant figé dans le temps mais qui se veut aussi une renaissance plus contemporaine, plus artistique ! Mika possède également un amour fou pour les photos d’antan, celles laissant apparaître les traces du passé avec un certain côté désuet mais pour autant très racé. Et les œuvres du photographe belge Harry Gruyaert n’ont pas leur pareil pour émouvoir ce doux rêveur. Mika ne peut qu’admirer le talent du célèbre virtuose de la couleur et de la lumière qui compte notamment à son actif toute une flopée de clichés sur le Maroc allant du paysage rural baigné d’une lumière radieuse aux lieux plongés dans le clair-obscur. Un modèle… Peut-être même une inspiration qui le pousse à expérimenter l’argentique.  Ainsi, il déploie une autre vision de la photographie qui lui demande dès lors une réflexion, un temps avant la prise. Ici, point le droit à l’erreur !

S’il y a un lieu qui est devenu son terrain de jeu favori… C’est bien la belle Saint-Tropez ! Une muse dont il s’est lié depuis ses premiers pas dans la vie. Un refuge qui l’a accueilli et enveloppé depuis son plus jeune âge. C’est pourquoi Mika immortalise depuis déjà quelques années le vrai visage de ce bastion aussi authentique que truculent ! On peut voir cela comme un parcours initiatique à la nostalgie heureuse qui nous plonge au cœur des souvenirs d’enfance du photographe. Mika nous dévoile au fil des saisons l’envers du décor, des lieux inopinés et jalousement gardés, la face cachée du vrai Saint-Tropez. On y retrouve entre autres, dans un jeu d’ombre et de lumière ténu, des clichés du quartier de la Ponche, du vieux port, de la plage des Salins et des Canoubiers ou encore du ponton de la Paressouse. Il affectionne particulièrement les tons chauds et les lumières douces de l’astre touchant l’horizon.

« La lumière à Saint Tropez est tout simplement magique, d’ailleurs ce n’est pas un hasard qu’autant d’artistes y ont trouvé refuge pour coucher leur art sur la toile ». La suite ? La sortie d’un livre photos, témoignage de son amour indéfectible pour l’âme de cet ancien village de pêcheurs.

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